Mémoires de Geaorges JANTON – Partie 2

« Je me souviens »

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MON HAMEAU AU XXème SIECLE

Le début du siècle jusqu’en 1935 m’a été conté
par mes parents et ma grand-mère maternelle. Le
Roset comptait environ 32 maisons avec leurs
dépendances (étables, remises, granges…) pour
environ 120 habitants souvent de proche parenté.
Au quartier des Abreuvoirs, vers 1920, habitait la
famille de Mr J….. G……. Il exerçait le métier
de tisserand. Il avait fréquenté l’école un peu plus
longtemps . Les gens venaient parfois lui
demander d’écrire ou lire une lettre, ils n’osaient
pas demander à Mr M….. l’instituteur… qui
pourtant ne refusait jamais un service. Mr G……
avait un fils atteint de poliomyélite et quand il
faisait beau, il le conduisait dans sa charrette à
l’ombre des platanes. Je me souviens qu’en 1933,
quand je rentrais de l’école, j’allais lui tenir
compagnie. Ses premières paroles quand j’arrivais
vers lui étaient: « Qu’est-ce que le maître t’a fait
faire aujourd’hui ? »

Le hameau, comme tous les hameaux à cette
époque, était à vocation essentiellement agricole.
On comptait 22 petites exploitations avec 2 ou 3
vaches, 5 exploitations avec 5 ou 8 vaches plus un
attelage (chevaux, boeufs ou vaches dressées). A
proximité du hameau, à Ponsuard (commune de
Varambon), les 3 fermes étaient considérées
comme faisant partie du Roset, les enfants
fréquentaient l’école et le lait était collecté
également par Druillat. Ces fermes avaient déjà
une superficie importante. La première était
exploitée par Mr et Mme R….., puis par la
famille E…… La deuxième était exploitée par
Mr et Mme F….., puis la famille M…… La
troisième, plus éloignée, était exploitée par Mr et
Mme S….. puis la famille B……

Les gens vivaient des produits de la ferme (lait,
beurre, crème, fromages, volailles, lapins,
légumes, fruits). Nous n’achetions pas souvent de
la viande. On élevait aussi un ou deux porcs, et en
fin d’année, on tuait le cochon que l’on
transformait en saucissons, rôtis , civier,
boudins…La coutume voulait que l’on fasse
profiter aux voisins de la fameuse « fricassée de
boudins et abats » ainsi que d’un morceau de lard
et un plat de civier. On se le rendait chacun son
tour. Le dimanche suivant, on invitait la famille et
c’était la « saint cochon ».

Dans la plupart des maisons, on faisait le pain.
Chaque quartier possédait un four. Selon la taille
de la famille, on cuisait huit, dix ou douze pains
que l’on conservait une quinzaine de jours dans la
table pétrin. On cuisait aussi de succulentes
galettes (courge, fromage crème salée et sucrée)
et ce jour-là, notre repas se composait
uniquement de galettes… Le meunier du pont de
Suran (Mr J…..) passait dans les fermes pour
récupérer le blé et quelques jours plus tard, il
ramenait les sacs de farine et de son. Dès que les
gens eurent leur attelage, ils portèrent eux-mêmes
le blé au moulin et parfois celui du voisin.
Les céréales qui étaient consacrées à la
nourriture du bétail étaient moulues chez Mr
B….. à Rossettes (le moulin tournait avec l’eau
du Durlet).

Jusqu’en 1957, nous n’avions pas l’eau courante.
Nous devions aller chercher l’eau à la pompe pour
les usages domestiques ainsi que pour abreuver le
bétail en hiver. Lorsque la pompe avait une panne,
souvent au fond du puits, c’est Mr D….. (père
de J….. D…..) qui faisait la réparation. Il
descendait au fond du puits à l’aide d’une corde à
nœuds amarrée au corps de pompe et il se
maintenait par des crochets fixés aux jambes et
au torse. On lui faisait parvenir ses outils à l’aide
d’un seau fixé au bout d’une corde.

La plupart du temps, la maison d’habitation ne
comptait que deux grandes pièces principales.
Dans l’une, on préparait et prenait les repas et il
n’était pas rare de voir au fond de cette salle un ou
deux lits cachés par un rideau où dormaient des
enfants. L’autre pièce était la chambre des
parents et comportait aussi des lits d’enfants. Il y
avait parfois deux ménages dans la même maison:
les parents et un enfant marié. Dans notre cour, il
y avait un bâtiment où vivaient une famille et leurs
sept enfants dans une même pièce d’environ
25 m2.

Pour s’approvisionner, il fallait aller jusqu’à Druillat
où il y avait deux épiceries (Mme P….. et Mme
V…..). On pouvait trouver un peu d’épicerie au
Roset, au café Multin. Pour les autres commerces,
on devait aller à Pont d’Ain. Ma grand-mère
racontait qu’elle se rendait une fois par semaine à
Pont d’Ain, à pieds, et spécialement le samedi jour
de marché. Le marché avait lieu sur la Place
Daviney au-dessus du carrefour sur la colline. On y
accédait par de grands escaliers. Les commerces
et la gendarmerie étaient situés dans ce quartier.
Cette place a existé jusqu’à ce que Pont d’Ain
brûle en 1944. Tous les quinze jours, c’était la foire
aux bestiaux sur le champ de foire qui existe
encore aujourd’hui. Les maquignons achetaient ou
vendaient, mais souvent les transactions se
faisaient à la ferme pour ceux qui n’étaient pas
équipés pour emmener leurs animaux à la foire.
Dans les années 50, la foire fut supprimée et on
devait alors se rendre à Bourg où la foire avait lieu
tous les quinze jours.

A partir des années 30, les campagnes étaient
mieux ravitaillées. Les commerçants qui avaient
pu acquérir un véhicule faisaient une tournée dans
les campagnes. Mr B….., le boulanger de Druillat,
passait chaque samedi. Quelques années plus
tard, le boulanger de Saint Martin du Mont (Le
Farget), Mr L……, entreprit également une
tournée chaque mardi. Par conséquent, du fait de
la tournée des boulangers, plusieurs familles
décidèrent de ne plus faire leur pain. Il donnait la
farine au boulanger qui rendait 1 kg de pain pour 1
kg de farine. Si on payait le boulanger pour son
travail, on obtenait 1kg 200 de pain pour 1 kg de
farine.

Puis vinrent les tournées du boucher (Mr L…..)
et du charcutier (Mr P….. père). Deux épiciers
effectuaient une tournée. Mr G….. J….. et sa
fille J….. venaient de Châtenay, longtemps avec
la voiture à cheval, ne se décourageant jamais
face au mauvais temps. En cas de neige, ils
passaient en traîneau et nous apportaient
épicerie, mercerie. Ils ont rendu beaucoup de
services sous l’Occupation en donnant un peu
plus que les quantités attribuées par les tickets de
rationnement. Pour les tickets J3, J….., nous
donnait de temps en temps une tablette de
chocolat supplémentaire. Mr et Mme P…..
d’Hauterive faisaient leur tournée le jeudi. Des
marchands de vêtements passaient environ une
fois par mois: Mr C……. de Leyment, Mr
S….. de Gévrieux, Mr D….. de Pont d’Ain
proposait de la mercerie et de la lingerie. Pendant
l’Occupation, le rationnement de l’essence avait
contraint les commerçants à différer leur tournée
et à utiliser un vélo et une remorque. Le boulanger
notamment se servait de ce moyen de transport.
Ceux qui pouvaient se rendre à Pont d’Ain,
trouvaient là-bas de nombreux commerces
aujourd’hui disparus (tailleur, cordonnier,
chapelier, bourrelier, maraîcher).

La tâche des femmes était immense : non
seulement, elles s’occupaient des enfants mais
elles participaient aux foins, aux moissons, au
sarclage, aux soins des animaux elles faisaient le
jardin. Elles accomplissaient les travaux
ménagers sans l’aide des appareils actuels… Par
exemple, la lessive se faisait à l’étang de Mr
C…… On traversait le grand pré avec la
brouette chargé du linge à laver et du linge à
rincer (on avait fait bouillir les draps dans la
grande lessiveuse). Sur le bord de l’étang, cinq ou
six chaises de lavage (les planches à laver)
étaient toujours en place. Toutes les familles
venaient à l’étang , la construction du lavoir ne fut
jamais achevée. Nous avons fait la lessive à
l’étang jusqu’à l’adduction d’eau en 1957.
Les travaux des champs se faisaient évidemment
de façon bien différente…

Les moissons représentaient des travaux assez
pénibles. Le blé et le seigle étaient coupés à « la
relevée » et pouvaient aussi être coupés à « la
verse » comme l’avoine et l’orge. On avait adapté
un râteau de moisson sur le manche de la faux.
(Image ci-dessous)

« A la verse » consistait lors de la coupe à faire
tomber directement les céréales sur le sol en
endains. Avec un râteau en bois, on faisait des
javelles (petit tas de céréales qu’on laisse sur
place avant de faire les gerbes). « A la relevée »
consistait, lors de la coupe, à faire tomber les
céréales non pas sur le sol mais contre les tiges
encore debout. Derrière le faucheur, une personne
prenait, en reculant, une brassée de blé qu’elle
déposait sur le sol pour faire la gerbe. Ensuite,
quand la coupe était terminée, ( on avait préparé
des liens avec de la paille de seigle ou du jonc), on
liait les gerbes à l’aide d’une cheville en bois pour
faire le nœud et le passer sous le lien pour qu’il ne
se défasse pas. Lorsque toutes les gerbes étaient
liées, on les mettait en croix (quatre rangées de
gerbes et la dernière en travers). On appelait cela
« faire des javaillons ». Les jours suivants, on
transportait les gerbes dans la cour de la ferme.
On faisait des gerbiers (des meilles et des
meillards). Jusqu’à la fin du XIX ème siècle, on
utilisait le fléau pour séparer le grain de la paille.
Ce travail se faisait sur une aire de battage (le
chuair) dans chaque cour de ferme. Le fléau était
fait d’un manche en bois assez long et à
l’extrémité, un morceau de cuir reliait un autre
morceau de bois (1m environ) qui servait à taper
sur les épis. Une dizaine de personnes
accomplissait ce travail.

La batteuse fixe apparut au début du XXème
siècle vers 1905. Elle se plaçait à côté des meules
de céréales. Elle était actionnée par une grosse
chaudière à vapeur (plus tard, elle fonctionnera
grâce à un puissant tracteur muni d’une poulie
reliée à la batteuse par une grosse courroie et
encore plus tard par un moteur électrique).
Suivant la taille de l’exploitation, le battage durait
quelques heures, une journée voire plus. Il fallait
une quinzaine de personnes pour accomplir ce
travail. On commençait à cinq heures du matin De
copieux repas étaient préparés par la maîtresse
de maison. Ces moments-là étaient très
appréciés car ils permettaient non seulement de
se reposer, mais aussi de se réunir dans une
ambiance conviviale.

Vers les années 25, apparurent les premiers
appareils à moissonner qui supprimèrent la faux.
Ils s’adaptaient sur la faucheuse tirée par un
cheval ou des bœufs. Un grand râteau à barrettes
droites, muni d’une pédale, était placé tout le long
de la lame de coupe. Au-dessus de la roue, une
personne assise sur une selle en fer tenait un
râteau spécial à l’aide duquel elle faisait tomber le
blé sur les barrettes et lâchait la pédale quand la
valeur d’une gerbe apparaissait. Derrière la
faucheuse, une personne prenait la javelle et
l’écartait pour le prochain passage. A la même
époque, apparut la javeleuse, elle faisait seule les
javelles et les sortaient du passage. Plus tard
apparurent les moissonneuses lieuses qui
simplifièrent beaucoup le travail des moissons.
Vers 1960, ce furent les moissonneuses batteuses
tractées ou automotrices. Les premières
machines étaient à sacs et il fallait charger les
sacs sur un char, puis les monter au grenier. Par la
suite, elles étaient équipées de trémies à grains.
Le contenu de la trémie était récupéré dans une
remorque. Les grains étaient alors montés au
grenier à l’aide d’une vis à grains. La paille restait
à ramasser. Les premières moissonneuses étaient
équipées d’une botteleuse, plus tard, elles
crachaient la paille en vrac et celle-ci était
conditionnée par une presse à moyenne densité.
La fenaison représentait aussi un travail pénible.
Jusqu’à l’apparition des outils de fanage, tout se
faisait manuellement: le fauchage, le fanage, le
chargement du foin en vrac sur le char maintenu
solidement par une corde. Une personne jetait le
foin sur le plancher au-dessus de l’étable et
plusieurs personnes le réceptionnaient pour le
répartir et le tasser sur le plancher. Ce travail se
faisait souvent tôt le matin et avant d’aller à
l’école on aidait à tasser le fourrage… on
descendait alors couverts de poussière, on
secouait nos habits et on allait à l’école. Si le
temps était menaçant et que nous n’avions pas eu
le temps de rentrer le foin, on mettait celui-ci en
« cuchons » (gros tas de foins).

C’est à partir des années 50 que commença la
révolution agricole. Pour faciliter l’emploi du
nouveau matériel mis sur le marché, le Conseil
municipal demanda le remembrement de toutes
les terres agricoles de la commune. Cette
opération débuta en 1946 par la nomination d’une
commission de remembrement qui comprenait
deux personnes par hameau qui travaillaient avec
un géomètre. Cela déchaîna la colère de certains
qui ne voulaient pas abandonner des terres
ancestrales en échange d’autres. A la prise de
possession, en 1953, le maire dut faire appel à
l’autorité supérieure et même aux gendarmes, ce
qui sema un peu la zizanie dans les hameaux. Il
fallut un an ou deux pour que tout rentre dans
l’ordre… Avocats et huissiers ont bien profité de la
situation…

Déjà, à partir des années 60, on assistait à la
transformation du paysage agricole. De grandes
parcelles avaient été créées, des agriculteurs
partant à la retraite louaient leur terrain et
permettaient ainsi l’agrandissement des
exploitations.

Si le remembrement rendait service aux
agriculteurs, la ligne électrique particulièrement
vétuste nécessitait son remplacement. C’étaient
de simples poteaux en bois qui soutenaient deux
fils avec seulement un transformateur (en haut
d’un poteau) par hameau. Cela assurait juste
l’éclairage domestique. En 1948, Mr Buffet maire,
contacta les services EDF pour le renforcement de
la ligne, ce qui fut accepté. L’année suivante, des
poteaux en ciment supportant trois fils (20 000
volts) avec un transformateur par quartier furent
implantés. Ces aménagements concernaient
toute la commune ainsi que les trois fermes de
Ponsuart. Ce fut l’entreprise Barde de Lyon qui fit
les travaux. Il fallut modifier les installations pour
permettre l’acquisition du matériel électrique
nécessaire à l’exploitation.

En 1950, le conseil municipal se pencha sur le
problème de l’adduction d’eau. Mr Buffet ne
ménagea pas ses efforts (il se déplaçait en vélo)
pour contacter les communes voisines qui
souhaitaient adhérer au syndicat qui allait se
former. En 1954, les travaux commencèrent par
l’édification d’un réservoir enterré, de 1000 mètres
cubes au Mont Margueron (près du Cruix). Deux
puits, (5m de diamètre et 11m de profondeur)
furent creusés sur la nappe phréatique dans les
brotteaux qui jouxtent la rivière d’Ain .La station
de pompage fut édifiée après le moulin
Desplanches. Ensuite ce fut le tour des
canalisations qui rejoignaient la station de
pompage et de la canalisation de refoulement qui
alimente le réservoir. En 1956, débuta l’installation
des canalisations qui allaient alimenter toutes les
communes du syndicat des eaux. C’est l’entreprise
Martin de Grenoble qui réalisa la première tranche
de travaux. Aujourd’hui, treize communes font
partie du syndicat Ain Veyle Revermont.

Un autre service restait à améliorer : le téléphone.
Nous étions desservis seulement par une cabine
par hameau. Lorsque nous avions besoin du
docteur ou du vétérinaire, il fallait se rendre
jusqu’au café Multin où se trouvait la cabine. Le
ou la responsable appelait le standard pour avoir
la communication et la réponse tardait souvent à
venir. En 1973, nous avons contacté le
responsable des services téléphoniques pour
améliorer le réseau. Après une visite sur le terrain
et une étude, on nous demanda de construire un
petit local d’environ 5m2 pour installer un relais
qui permettrait l’implantation d’une nouvelle ligne
et d’avoir le téléphone dans chaque foyer. Ce fut
donc avec Mr L….. D….. et moi-même,
membres du conseil municipal, que nous avons
construit ce local situé sous la pompe au
carrefour des routes Dompierre-La Ruaz. En 1974,
tout était installé et chaque foyer pouvait
bénéficier des services téléphoniques. Tous les
hameaux ainsi que les fermes de Ponsuard ont pu
être desservis. Deux ans plus tard, le système
automatique fut installé et le local n’avait plus de
raison d’être.

En 1992, commencèrent les premières tranches du
réseau d’assainissement avec des stations de
lagunage. A ce jour, toute la commune est
desservie, sauf le hameau de Montbègue.
Le hameau était ainsi en possession de toutes les
installations indispensables à notre société
actuelle.

Toutes ces réalisations ont rendu de grands
services à la population (exploitants et autres).
L’agriculture, depuis 1960 a connu une évolution
constante (méthodes de travail, cultures
différentes, nouvelles céréales, utilisation et
dosage des engrais, présence de techniciens
agricoles). Toutes les exploitations ont pu acquérir
le nouveau matériel qui a simplifié et allégé les
durs travaux des champs (semailles, moissons,
fenaison, récoltes). Par conséquent, à l’heure
actuelle, les épouses des exploitants ne sont plus
obligées de participer aux durs travaux des
champs. En 1972, il y avait encore 115 sociétaires
à la fromagerie, à ce jour, sur la commune, il reste
trois exploitations qui produisent du lait. Deux ou
trois ont des vaches allaitantes ou produisent des
bêtes à viande, quelques autres ne font que de la
culture de céréales.

Toutes les fermes produisaient du lait. Il n’y avait
pas de fromagerie à Druillat. Avant 1924, chaque
matin, le ramassage du lait était assuré par des
agriculteurs du bourg avec une voiture à cheval.
C’est Mr G…… qui se chargeait plus
particulièrement de cette tâche. Le lait était
acheminé en gare de Pont d’Ain et les bidons
partaient à destination d’une laiterie de Lyon.
Mon père, V….. J….. âgé d’une quinzaine
d’années, était commis chez Mr G….. (ferme
actuelle de Mr C…..). Il resta à son service
jusqu’à la déclaration de guerre de 1914, date à
laquelle il fut mobilisé et ne revint au pays qu’en
1919. Il assurait le ramassage du lait sur une
partie de la commune.

Quelques années après, Mr G….. alla contacter
un fromager afin de se renseigner sur la
fabrication de l’emmental et le matériel
nécessaire. Sa réponse fut: « Mr G….., du
fromage, on peut en faire sous un parapluie »
puis, il lui expliqua la marche à suivre. C’est alors
que Mr G….. décida d’agrandir le bâtiment (côté
nord) afin d’aménager une fromagerie. Le
premier fromager était Mr F……
Avant les années 20, beaucoup d’agriculteurs
conditionnaient leur lait en beurre, fromage et
crème et se chargeaient de la vente.

Au printemps 1924, les producteurs laitiers se
réunirent en assemblée générale pour constituer
une coopérative de fromagerie au village. Un
conseil d’administration fut élu, le président, Mr
G….. (fils), démissionna peu de temps après et
fut remplacé par Mr L….. G…… Les membres du
bureau étaient:

 Mr D….. C….. (vice-président)
Membres du bureau:

 Mr V….. C…..(Turgon)

 Mr F….. A….. (Rossettes)

 Mr J….. V….. (Le Roset)

 Mr A….. J….-C….. (La Ruaz)

 Mr G….. L….. (Secrétaire)

Au cours de cette assemblée générale, il fut
décidé de la construction de la fromagerie.
Le coût fut estimé à 31 500F. L’achat du terrain
(sis sous-trottet) appartenant aux consorts
B….. se monta à 20 000F. La nouvelle fromagerie
fut fonctionnelle en 1926 et le nouveau fromager
était Mr L….. qui resta jusqu’en 1933, date à
laquelle il fut remplacé par Mr et Mme C…… En
1978, le dernier fromager avant la fusion avec
Pont d’Ain fut Mr T…… En 1927, une porcherie
fut construite afin que les porcs consomment les
résidus de fabrication et le petit lait. Le
ramassage du lait se faisait une fois par jour en
hiver et deux fois en été. Deux des trois fermes
de Ponsuard étaient sociétaires, leur superficie
leur permettait d’avoir un nombre plus important
de laitières. Seule la ferme de Mr B….., trop
éloignée pour la collecte transformait son lait en
crème, beurre et fromage et en assurait la vente.
En 1945, l’entreprise Cornet de Saint Paul de
Varax collectait du lait pour la laiterie Rousset
de Lyon dont celui de la ferme B….. et de la
ferme de la Vrandière.

Je me permets de revenir un peu en arrière pour
raconter l’histoire du hameau et de ses bois
communaux (d’après les documents d’archives).
Le Roset appartenait à la famille du Plantay au
XIVème siècle. Les bois de La Claie et des
Colombières (environ 25 hectares) proviennent
d’un don des Chartreux de Sulignat fait aux
habitants du Roset en échange d’un droit de
pacage sur d’autres propriétés. Le canton des
Cartonnières (10 hectares) fut acheté au mois
d’avril 1830 à l’aide des recettes de la vente d’une
coupe de bois. Les familles du Plantay et des
Chartreux faisaient partie des puissants sires de
la Palud au 13ème siècle. Ces bois sont uniquement
destinés aux habitants du Roset pour leur
chauffage. Ils sont gérés par l’ O.N.F. (Office
National des Forêts). Toutes les années, une
parcelle est délimitée par leurs soins ainsi que le
marquage des arbres. La commune fixe la taxe
d’affouage dont chacun doit s’acquitter. La période
de coupe imposée par l’O.N.F. était de novembre à
mars et jusqu’en juillet pour la vidange de la
coupe. Vers début novembre, le chef de coupe
réunissait les affouagistes afin de décider du
début des travaux de coupe. Depuis le début du
XIXème siècle, le taillis et les arbres se coupaient
en commun. Le jour venu, c’est avec le tambour
que l’on donnait le signal du départ pour le bois.
Le tambour appartenait au hameau et non au
garde-champêtre. On commençait à couper le
taillis et plus tard les arbres. Quand le lieu de la
coupe était trop éloigné (canton de la Carronnière
par exemple), on mangeait sur place autour d’un
feu éclairé environ une heure avant. Comme nous
étions à la limite de la propriété C….., nous
allions chez leur garde chercher quelques
bouteilles de vin pour agrémenter le repas… Pour
l’abattage des arbres, on utilisait de grandes scies
passe-partout. Souvent deux personnes devaient
s’agenouiller de chaque côté pour tirer la scie cela
en fonction de la taille du tronc. On mettait
environ une semaine à fabriquer ce qui n’avait pas
une valeur marchande (branchages et arbres non
classés pour la vente), puis on procédait au
partage de ce bois et du taillis. Les troncs
destinés à la vente étaient achetés par un
marchand de bois et les bénéfices étaient
partagés entre les affouagistes. L’argent de la
coupe permettait aussi d’acheter du matériel
(des scies, un trieur à grains, participation à
l’installation de la cabine téléphonique…). A partir
de 1934, chaque affouagiste coupait sa parcelle, il
ne restait plus en commun que l’abattage des
arbres. Depuis 1990, une loi oblige la vente des
arbres par adjudication sous le contrôle de l’O.N.F.
L’acheteur est chargé de l’abattage et du
débardage des troncs. Le bénéfice de la vente est
remis directement à la commune, c’est un
privilège qui a disparu pour le hameau.

Depuis la fin du XIXème siècle, il y eut comme
chefs de coupe:
Messieurs J….. F..…, R….. F…..,
J….. V….., J….. G….., M….. R….,
et actuellement Mr F…… R……
Comme pour l’agriculture, les exploitants
forestiers ont connu la modernisation de tous
leurs outils de travail: nouveaux engins pour
l’abattage, l’ébranchage et le débardage. Tout ce
matériel a bien sûr allégé la tâche des bûcherons.
La coupe peut se faire à n’importe quelle période
de l’année.

Ainsi s’arrête mon récit sur la vie de mon hameau.
Celui-ci va encore changer et l’on compte déjà à
ce jour une vingtaine de constructions nouvelles.
Au Roset, il n’y a plus qu’un agriculteur qui
pratique l’élevage, la culture de céréales, et
propose également boucherie/charcuterie à la
ferme.

[Suite à suivre …

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